Les sociétés cotées évoluant dans le secteur de la santé sont particulièrement scrutées ces dernières semaines, sur fond de pandémie mondiale. Les investisseurs apprécient leur caractère défensif et espèrent, en misant sur elles, accompagner le développement de tests, de vaccins ou de traitements permettant de venir à bout du Covid-19.
Avant le déclenchement de la crise sanitaire, les laboratoires pharmaceutiques souffraient d’une image brouillée dans le grand public. Entre autres maux, il leur était reproché de forcer sur les prix de leurs médicaments, ce qui rendait certains traitements très coûteux, voire inaccessibles dans les pays où une bonne partie de la population n’est pas assurée.
Autre pratique controversée : en s’approvisionnant de plus en plus à l’étranger pour leurs matières premières, et en délocalisant une grande partie de leur production, les laboratoires étaient accusés d’accroître les ruptures de stocks de médicaments vitaux, ce qui pourrait être néfaste pour les malades. Un sujet dont s’était saisi récemment le sénateur Jean-Pierre Decool, auteur d’un rapport parlementaire sur la question en octobre 2018.
La propagation du Covid-19 n’a pas clos ces débats. Mais elle a remis en lumière le rôle clé de ce secteur dans le contexte sanitaire anxiogène que connaît aujourd’hui la planète. Les marchés financiers ne s’y sont pas trompés. Les capitalisations des grands noms de la pharmacie ont nettement moins souffert que l’ensemble des indices. A titre d’exemple, en France, Sanofi n’a perdu que 19,27% entre le 19 février et le 19 mars 2020, alors que dans le même temps, le Cac 40 a chuté de 36,9%. Aux Etats-Unis, Pfizer n’a reculé que de 16% quand le Dow Jones, lui, perdait 31,55% sur la même période.
Un rôle défensif dans les portefeuilles
Depuis le début de la crise, certaines valeurs dans le secteur des biotechnologies se sont mêmes envolées. Biomérieux a ainsi progressé de 39,15% entre le 11 mars, date à laquelle elle a annoncé travailler sur des tests de dépistage du Covid-19, et le 1er avril. La stratégie Biotech de Pictet, co-géré par Lydia Haueter et Tazio Storni, affiche, lui, une performance supérieure de 11,56% à celle du MSCI World AC Euro sur les trois premiers mois de l’année (part I, en euros, net de frais de gestion, au 31 mars 2020)
Cette résistance n’a rien d’étonnant : l’industrie pharmaceutique est toujours appréciée en période de récession économique, car elle est contra-cyclique. Le nombre de malades chroniques reste en effet le même, quel que soit le climat économique. Et pour peu que ce dernier se dégrade sous l’effet d’un virus extrêmement contagieux, tous les espoirs se reportent alors sur les capacités de recherche et développement de ces géants pharmaceutiques. Ce sont eux qui sont susceptibles, au même titre que les laboratoires publics, de découvrir rapidement un vaccin. Eux qui travaillent à la production de tests à grande échelle. Eux qui tentent, enfin, de trouver des traitements pour soigner les malades dans les phases précoces, comme dans les manifestations plus sévères. Une course contre la montre qui impose de disposer de finances solides et suscite, de la part des investisseurs, un regain d’intérêt pour ces valeurs.
Pour autant, toutes les entreprises spécialisées dans la santé ne bénéficient pas, dans le contexte actuel, des mêmes conditions de marché favorables.
Il est crucial d’être sélectif
Les hôpitaux, absorbés par l’arrivée massive de patients atteints du Covid-19, ont suspendu ou ralenti les essais cliniques pour les autres pathologies. Il faut donc s’attendre à des délais plus longs pour l’homologation des nouveaux traitements. Les médecins ne recevant plus de visiteurs médicaux, la commercialisation de certains médicaments est ralentie. Il en est de même pour la production : certains personnels sont absents du fait du confinement, sans compter les difficultés d’approvisionnement en matières premières liées à la fermeture des frontières et à la baisse du fret. Enfin, les sociétés qui se trouvaient à des phases très précoces du développement de leurs solutions ont toujours besoin de lever des fonds. Or, depuis plusieurs semaines, les investisseurs sont devenus frileux et attendent une meilleure visibilité pour se décider. De nombreuses levées de capitaux ont été purement et simplement annulées. Cet environnement mouvant requiert donc d’être très sélectif dans le choix de ses investissements, et de privilégier les valeurs qui ont déjà un solide portefeuille de traitements et de diagnostics.
Les points essentiels à retenir
- Les valeurs pharmaceutiques et les sociétés de biotechnologies occupent souvent une position défensive dans le portefeuille des investisseurs.
- En pointe dans la lutte contre le Covid-19, certaines d’entre elles retrouvent les faveurs des marchés.
- L’impact de la crise sur le fonctionnement de l’industrie de la santé impose néanmoins une grande sélectivité dans ses choix d’investissement.